RELANÇONS L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL !
Depuis une semaine, les premiers conseils de classe se déroulent dans nos collèges et
nos lycées d’Eure-et-Loir.
Et déjà se posent certaines questions, comme la future orientation de nos têtes blondes !
Pour nombre d’entre elles, c’est du stress et de l’angoisse...
Non pas par paresse, mais parce-que leur instruction n’est pas adaptée à leurs besoins !
En effet, combien de parents (parfois soutenus, ou influencés, par les professeurs) imposent à leurs
ados une orientation vers des études classiques ? Beaucoup, et ce dès les premiers choix d’orientation (5ème, puis 3ème).
Témoignage d’une professeure de culture religieuse en collège privé : « Bien souvent, même si l’équipe pédagogique recommande une 4ème Découverte ou bien une filière pro après la 3ème, trop de parents ruent dans les brancards et exigent que l’on oriente leur enfant dans une filière classique ». Vaste sottise !
Depuis la réforme Haby (1975) supprimant les examens d’entrée en 6ème et instaurant de fait le Collège Unique, la tendance amorcée depuis le passage de la génération boomers sur les bancs de l’école dénigre ainsi un enseignement ô combien précieux !
D’une part, les élèves ne sont pas des robots produits en série, mais des personnes ayant des capacités différentes : tout le monde n’est pas fait pour user ses fonds de culotte en suivant des cours magistraux très théoriques !
D’autre part, nombre de métiers proposés par l’économie eurélienne (industries agro-alimentaires et cosmétiques en particulier, hôtellerie, restauration et métiers de bouche notamment) s’apprennent réellement sur le terrain.
Ensuite, et l’écrivain Jean-Charles le dénonçait déjà en 1971 (cf "Tous des cancres"), une génération arrivée à l’âge adulte produit ainsi une pléthore de chômeurs intellectuels, pleins de connaissances mais sans compétence quand, en face, nombre d’entreprises des secteurs évoqués plus haut (et j’en oublie...) peinent à trouver du personnel qualifié.
Résultat : nombre d’élèves contraints de suivre le cursus classique s’ennuient sur les bancs de l’école.
Autre témoignage d’un professeur de lettres classiques en lycée public sur Chartres :
« Trop de mes élèves ne viennent en cours que parce-que c’est obligatoire. Certains auraient besoin d’exercer une activité manuelle pour retrouver confiance en eux et s’épanouir à nouveau. Je repense à ce garçon qui a suivi une filière littéraire dans laquelle il stagnait. Il a fini par tout envoyer promener, a appris la plomberie et, aujourd’hui, il travaille à son compte et rayonne ! ».
Chez nos voisins Suisses, l’enseignement professionnel est la norme, et son efficacité n’est plus à prouver : le taux de chômage des moins de 25 ans chez les Helvètes est de 2,7% (1) en France, il est de 17,2% (2).
Compagnonnage et alternance sont les deux mamelles permettant de maîtriser un métier, qui plus est, à l’heure actuelle, dans les « secteurs en tension ».
Pourquoi faire appel à une main-d’œuvre étrangère (légale ou non) quand la jeunesse locale regorge de talents ?
A l’heure où nos politiques parlent de réindustrialiser la France, il serait donc plus que temps de revaloriser l’enseignement professionnel et les métiers qui en découlent.
Avoir des usines, c’est très bien, encore faut-il former les ouvriers, techniciens et ingénieurs pour les faire tourner.
Sources :
(1) RTS du 5 septembre 2024
(2) INSEE au 9 août 2024
Thibaut Brière-Saunier - Cadre de R! 28 - ancien conseiller municipal et communautaire de la ville de Chartres